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C R O C I N F O S

[19 septembre 2002 – 19 septembre 2025] La mémoire vive du général Robert Guéï

[19 septembre 2002 – 19 septembre 2025] La mémoire vive du général Robert Guéï

Le général Robert Gueï est immortalisé par ce cetre de santé.jpg

Le 19 septembre 2002, le général Robert Guéï tombait sous les balles, laissant l’Ouest ivoirien en deuil. Vingt-trois ans plus tard, sa mémoire persiste surtout dans l’hommage d’un village qui refuse l’oubli.

Il y a vingt-trois ans, l’aube du 19 septembre 2002 s’embrasait de fracas et de sang. Ce jour-là, le général Robert Guéï, figure charismatique de l’Ouest montagneux et ancien chef d’État, tombait sous les balles d’un régime décidé à faire taire une voix devenue trop grande. À ses côtés, son épouse bien-aimée, des membres de sa garde rapprochée et d’autres fidèles perdaient également la vie. Une tragédie foudroyante qui endeuilla la Côte d’Ivoire entière. Sa famille biologique a su, au fil des ans, accorder le pardon, mais elle n’a jamais effacé le souvenir de cette journée qui bouleversa à jamais l’histoire nationale.

Pourtant, la mémoire politique semble, elle, s’être estompée. L’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), la formation qu’il avait portée, aujourd’hui alliée au RHDP, ne consacre plus d’hommage officiel à son fondateur. La convocation adressée par la coordination RHDP du Tonkpi, pour une importante réunion ce vendredi 19 septembre à la rue Lepic, en témoigne : aucune mention en hommage au Général, mais un ordre du jour strictement tourné vers la précampagne et la présidentielle à venir. Autrefois, chaque 19 septembre résonnait d’articles de presse et de veillées mémorielles ; désormais, le nom de Robert Guéï n’ouvre plus les portes ni n’ébranle les plus hautes sphères. Politiquement, la page semble tournée.

Pourtant, au cœur du Tonkpi, un éclat de gratitude veille. Grâce à l’initiative de la mutuelle de développement du village de Thê, commune de Biankouma, son nom s’inscrit à jamais dans la pierre. Un Centre de Santé Rural « Robert Guéï » a été inauguré le samedi 13 septembre 2025, fruit d’un projet lancé en 2019 avec le concours de nombreux cadres locaux et le soutien déterminant du Conseil municipal de Biankouma.

Chaque année, la famille biologique poursuit son pèlerinage à Kabakouma, son village natal, pour déposer des gerbes de fleurs sur sa tombe. Là, dans le silence des montagnes, la mémoire du Général demeure vivante.

Le ministre ivoirien de la Sécurité, Vagondo Diomandé, s’en est félicité : « Je me réjouis d’avoir procédé à la mise en service de ce dispensaire, entièrement équipé. Ce projet a vu le jour grâce à l’engagement collectif et incarne l’esprit de solidarité indispensable au développement durable de notre région. » En fils du Tonkpi, il a adressé ses vives félicitations à l’honorable Mireille Guéï et à l’ensemble des habitants, les exhortant à préserver cette fraternité qui bâtit l’avenir.

Au nom de la famille, la députée Mireille Guéï a livré des mots empreints d’émotion : « Mon père croyait que le développement repose sur l’union, la solidarité et la justice. Puisse ce centre de santé devenir un lieu où la vie triomphe sur la douleur, où la fraternité apaise les détresses, et où la mémoire du Général inspire chaque génération à servir avec loyauté et amour. »

Chaque année, la famille biologique poursuit son pèlerinage à Kabakouma, son village natal, pour déposer des gerbes de fleurs sur sa tombe. Là, dans le silence des montagnes, la mémoire du Général demeure vivante.

Et nous, collectivement, que faisons-nous de ces vies fauchées ? Que reste-t-il de notre devoir de mémoire ? En ce 19 septembre, puissions-nous entendre le murmure des disparus et méditer sur le prix de la paix. Car derrière chaque nom gravé, derrière chaque geste d’hommage, se rappelle l’essentiel : aucun destin, aussi grand soit-il, ne devrait s’éteindre dans la violence, et chaque mort injuste nous somme de bâtir une nation où la vie, toujours, l’emporte.


Sériba Koné